Nos cours de français

Ici, à partir d'une photo de la célèbre statue du passe-muraille inspirée du personnage éponyme de Marcel Aymé, les apprenantes ont construit ensemble un récit. Cette séquence pédagogique leur a permis d'améliorer leurs compétences en expression orale et écrite, tout en faisant appel à leur créativité.

Fragilisées par le déracinement, les éventuelles violences vécues et l’isolement, les femmes bénéficiaires des cours de l’École Bisan sont souvent en pleine perte de confiance lorsqu’elles prennent contact avec l’association. Timides, peu enclines à communiquer, elles osent difficilement prendre la parole en cours.

Peu à peu, elles prennent conscience de leurs facultés d’apprentissage et des progrès réalisés à chaque cours. Alors seulement, la glace se brise, des liens se créent entre les apprenantes et les interactions deviennent plus fréquentes, plus spontanées, plus fluides. C’est à partir de ce moment que l’apprentissage du français peut réellement débuter.

Les cours de l’École Bisan se déroulent uniquement en présentiel, en non-mixité, pour toutes les raisons évoquées dans la rubrique "l'association". L’objectif n’est pas d’exclure les hommes, qui disposent par ailleurs de possibilités de formation linguistique en mixité auprès d’autres associations, mais de lever les freins à l’apprentissage du français par les femmes.

De plus, pour certaines femmes ayant vécu ou vivant encore des violences, cette non-mixité offre un sentiment de sécurité qui favorise l’apprentissage en lui-même. Plus sereines, moins intimidées, elles prennent plus facilement la parole et progressent ainsi plus rapidement.

Les cours de l’École Bisan mettent l’accent sur l’expression orale pour répondre aux besoins des apprenantes, qui doivent être rapidement capables de communiquer en français dans des situations du quotidien.

L'apprentissage de la langue n'est pas une fin en soi, mais un moyen de gagner en autonomie dans les démarches du quotidien et au sein des différents espaces sociaux.

Chaque apprentissage linguistique est donc adossé à une compétence plus large : savoir prendre un rendez-vous chez le médecin, décrire ses symptômes ou ceux de son enfant, s'orienter dans la ville, lire une offre d'emploi ou une annonce de logement, connaître les différents services publics, comprendre les messages inscrits sur les bornes automatiques, etc. 

Pour que ces connaissances soient acquises durablement, les cours en classe sont articulés autour de sorties dans les différentes administrations, les lieux culturels, les espaces publics, et ponctués de rencontres avec des professionnel.le.s. 

La créativité et la dimension ludique de l'apprentissage ne sont pas délaissées pour autant : elles permettent de renforcer la cohésion du groupe, de s'exprimer plus spontanément et de gagner en confiance. 

L'École Bisan propose également des cours d'alphabétisation pour les femmes n'ayant jamais été (ou très peu) scolarisées.

Les cours de l’École Bisan sont également nourris par les échanges interculturels. Les différentes cultures des apprenantes sont autant d’occasions d'apprendre, de s’enrichir et de faire naître de nouveaux sujets de discussion.

Nous n’oublions jamais que les femmes exilées ont derrière elles un parcours, une expérience et des savoirs qui ont tout intérêt à être partagés, pour que chacune se sente prise en compte dans son entièreté, et que l’enseignement ne soit pas vertical mais mutuel.

C’est donc tout naturellement que les langues d’origine des apprenantes, le recours à des outils de traduction et les comparaisons de points de grammaire ou de lexique entre différentes langues ne sont pas proscrits, mais considérés comme des ressorts qui favorisent l’apprentissage du français.

Pour la majorité des femmes exilées, le français n’est pas une deuxième langue, mais une troisième, quatrième ou cinquième langue apprise. Le plurilinguisme, au même titre que l’interculturalité, est sans cesse valorisé dans les cours de l’École Bisan.